Paysages Pluriels
Une exposition collective de photographies,
par Nicolas Coutable
En janvier et février 2026 aux Ateliers des Capucins, Brest
Avec Brice Bourdet, Cécile Pardo Iloé, Claire Béteille, Jamaya, Kristina Olianiouk, Léo Sestier, Nathan Houtch, Romain Gambier et Stéphane Louis,
Un événement co-produit avec le soutien des Ateliers des Capucins, en partenariat avec le laboratoire Impression Panoramique.
Nicolas Coutable
Artiste photographe depuis 2010, Nicolas explore le monde pour questionner notre rapport au paysage et révéler l'impact de l'Homme sur l'environnement. Expert de la médiation en art contemporain, Nicolas Coutable a collaboré avec de grandes institutions telles que le Frac des Hauts-de-France, la Biennale d'Art de Lyon ou encore les Reporters Sans Frontières.
En 2022, son exposition personnelle Paysages Pluriels est présentée dans le cadre de Grenoble Capitale Verte Européenne.

34 ans, Angoulême
« Rassemblant un ensemble d’images assez esthétique, l’exposition [...] interroge mais ne pose aucun jugement péremptoire [...] Ainsi, entre fascination et consternation, Nicolas Coutable fait le constat des réalités paysagères générées par le capitalisme mondialisé. »
Benjamin Bardinet, Le Petit Bulletin - Janvier 2023

Le projet photographique

Nicolas Coutable, Paysage artificiel
2016, port de Dunkerque
Tirage contrecollé sur aluminium
Caisse américaine, 120x80 cm
Issue d’une production personnelle de près de quinze années d’explorations photographiques, Paysages Pluriels incarne désormais la rencontre de regards singuliers portés sur la trace de l’Humanité dans le paysage. Ces quinze artistes proposent un ensemble de soixante-dix photographies qui présente une forme d’enquête, naviguant entre le reportage et l’art conceptuel. Au départ de la zone portuaire de Dunkerque, le regardeur voyage en suivant le fil de l’eau, traverse un fjord norvégien et s’arrête au détour d’une île abandonnée au large du Japon.
Dans ce parcours parsemé de friches industrielles et de décors artificiels, les paysages sont marqués par les stigmates du changement climatique. Incendies et phénomène d’érosion du littoral sont ainsi associés à l’extractivisme des ressources naturelles et aux comportements individuels, tels que le tourisme de masse que l'on peut traduire comme une forme contemporaine de consommation de l'espace.

Nicolas Coutable, Traces
2022, Cimenterie de Voreppe
Tirage contrecollé sur aluminium
90x60 cm
Par la photographie, je cherche à transcrire dans l'image cette notion de pluralité des paysages, et en particulier des liens étroits entre technosphère et biosphère.
La cimenterie en friche de Voreppe devient tout un symbole pour moi, le site trônant à quelques mètres d'altitude au pied du massif de la Chartreuse, faisant ainsi face au Vercors. Le paysage naturel pose en arrière plan, comme un décors dans le monde de l'Homme. Cette question d'un monde dans un monde - ou comme le commentait Spinoza, d'un "empire dans un empire" - est centrale dans mon travail. Elle illustre cette vision anthropocentrée du paysage, devenu lui-même un bien de consommation dans un système économique global.

Nicolas Coutable, Nature morte, 2016, Belgique
Collection artothèque de Grenoble
Tirage contrecollé sur aluminium 90x60 cm

Flux Organicistes
La Manche, Nicolas Coutable

Nicolas Coutable, Flux organicistes
2016, port de Dunkerque
Tirage contrecollé sur aluminium
90x60 cm
La société CGG, en faillite en raison d'une crise de l'offshore, participait à l'exploitation des profondeurs marines à l'aide de cette flotte équipée de matériels sismiques, afin "d'interpréter la présence de réservoirs d'hydrocarbures". Ces bateaux sont restés immobilisés et désarmés au port de Dunkerque, pendant 4 années. En juillet 2019, ils ont intégré la flotte norvégienne de Shearwater & Eidesvik, en partance dans le nord de l'Europe avec l'objectif d'y découvrir de nouveaux réservoirs de pétrole et de gaz.

Nicolas Coutable, Flux Organicistes, 2014, Norvège
Tirage contrecollé sur aluminium 90x60 cm
En 2014 en Norvège, j’ai photographié ce bateau nommé le Rock Piper, appartenant à la société Boskalis. Il est spécialement conçu pour préparer les fonds marins qui accueilleront les fondations des plates-formes pétrolières, et disposer des pipelines utilisés pour le transport du pétrole et du gaz, des puits jusqu'à la côte.
Le 28 juin 2023, le gouvernement norvégien a donné son feu vert à dix-neuf nouveaux projets d’exploitation sur le plateau continental norvégien, pour une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros. Devenue le premier fournisseur de gaz de l’Europe en 2022, la Norvège n’a aucune intention de ralentir et ce malgré les plaidoyers répétés du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, appelant à “laisser le pétrole, le charbon et le gaz dans le sol, là où ils doivent être”.


© Nicolas Coutable, Flux Organicistes, La Manche, 2021

Sur la route du canal
Nicaragua, Nicolas Coutable

Nicolas Coutable, Sur la route du canal, 2018, Lac Cocibolca, Nicaragua
Tirage contrecollé sur aluminium 90x60 cm
Après l’annonce de la construction d’un canal interocéanique par le consortium chinois HK Nicaragua Canal Development Investment Company, je me suis embarqué pour ce voyage avec l’objectif de remonter son tracé théorique. « La Chine prévoit d’investir 1000 milliards de dollars dans une nouvelle "route de la soie", appelée la Ceinture et la Route. » - National Geographic, mars 2018.
Ce projet de canal de 278 km, d'un coût de 50 milliards de dollars, a longtemps été considéré comme une plaisanterie jusqu’à la pose, en 2014, des premières fondations et la construction de routes d’accès aux chantiers. Des milliers d'agriculteurs nicaraguayens ont protesté contre les confiscations de terres : « Le canal aurait divisé le lac Nicaragua – le plus grand lac d’Amérique centrale – et déplacé de force environ 120.000 personnes, dont des communautés Rama et Créoles des territoires indigènes protégés de la côte caraïbe. Il allait être l'un des plus grands projets de génie civil et de construction au monde, éclipsant le canal de Panama, en traversant la plus importante réserve d'eau douce du pays et détruisant des espaces naturels protégés abritant 22 espèces menacées. » - The Guardian, mai 2024.
Près d’une décennie après avoir lancé ce projet controversé, le gouvernement a annulé la concession de 50 ans accordée au consortium chinois HK Nicaragua Canal Development Investment Company.




© Nicolas Coutable, Sur la route du canal, série de 9 photographies 16/9, Nicaragua, 2018

Terraformation
Norvège, Nicolas Coutable
Terraformation, nom féminin : hypothèse scientifique d’aménagement d’un territoire (planète) pour le rendre propice à la vie et habitable par l’Homme.

Nicolas Coutable, Barrage du Verney, 2022, Isère
Collection artothèque de Grenoble
Tirage contrecollé sur aluminium 90x60 cm

Nicolas Coutable, Stigmates - érosion du littoral, 2021, Île de Bréhat
Tirage contrecollé sur aluminium 90x60 cm
L’érosion du trait de côte est un phénomène naturel ou anthropique (causé par l’Homme), qui affecte de nombreuses façades maritimes : 19% du trait de côte est en recul en France, soit 920 km (hors Guyane - chiffres du gouvernement, juillet 2023). Selon une étude menée par les géographes de l’université de Brest (UBO), une plage sur trois recule.
Cette limite entre la terre et la mer peut se déplacer de plus de 3 mètres par an. Les principales causes sont l'action des vagues ; le vent ; l'alternance des périodes de gel et de dégel, ainsi que les tempêtes. Des phénomènes amplifiés par le changement climatique et qui menacent les habitants du bord de mer.
Des ZERTC, "Zones Exposées au Recul du Trait de Côte", ont été délimitées sur le territoire national afin d’adapter les aménagements. Depuis juin 2024, 317 communes en France figurent parmi les lieux prioritaires face à l'érosion côtière. Une demande que la commune de Bréhat a faite dès 2022, tant la situation devenait difficile pour l'île. Pour les 114 communes bretonnes inscrites sur cette liste, dont plus de la moitié sont en Finistère, ce décret oblige les municipalités à mettre en place des règles d’urbanisme. Les constructions seront interdites par les municipalités si elles se situent dans un périmètre exposé d’ici 30 ans.

Nicolas Coutable, Stigmates - érosion du littoral, 2025, la Tremblade, plage du vieux phare - Tirage encadré, 30x20 cm
En 2020, il a été estimé que la ligne de côte recule de près de 3 à 5 mètres par an dans cette région. Mon objectif a été de capturer cette érosion et son impact sur le paysage.
« Avec l'élévation du niveau des mers, on va avoir statistiquement plus de tempêtes qui vont frapper haut sur la plage ou sur le fond de dune, ce qui va accentuer l'érosion », prévient Éric Chaumillon, chercheur en géologie marine.

Nicolas Coutable, Stigmates - réchauffement climatique, 2019, forêt de l'Ain - Tirage encadré, 60x40 cm
Si la neige est à l’hiver, le feu s’installe de plus en plus dans l’inconscient collectif comme un phénomène intrinsèque à l’été. Chaque année, à l’échelle de toute la planète, les "grands incendies" ravagent des milliers d’hectares d’écosystèmes, transformant durablement les paysages observés. « Avec les canicules à répétition, les sapins virent au rouge et les arbres meurent. Les sécheresses déciment les forêts françaises. Les arbres, qui recouvrent un tiers du pays, ont une mobilité trop lente pour s'adapter au réchauffe ment climatique » écrivait le journal Le Monde, durant l’été 2019.

Nicolas Coutable, Stigmates - incendie, 2023, les Monts d'Arrée, Finistère
Tirage encadré, 30x20 cm
18 juillet 2022, 14h30. un incendie de grande ampleur s'est déclaré sur la commune de Brasparts, au cœur des Monts d’Arrée, détruisant plus de 2 208 hectares de landes et de forêt. La superficie de végétation brûlée dans le pays dépassait déjà 40 000 hectares selon le Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis), qui enregistre plus de 229 feux d’au moins 30 hectares au 23 juillet. C’était déjà 25 fois plus qu’à la même période de l’année précédente. « Ce qui est sans précédent cette année, ce sont les températures relevées, la précocité des feux dans le temps et leur globalité sur le territoire », analysait pour France Bleu le commandant Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile et de la gestion des crises.